REPUBLIQUE DU TCHAD Unité-Travail-Progrès
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OPPOSITION POLITIQUE
Mémorandum sur la situation du Tchad
A
L’attention du Président de la République Française, François HOLLANDE
Réunis le 14 juillet à N’Djamena, à l’occasion de la visite officielle au Tchad du Président de la République française, M. François HOLLANDE, les Partis Politiques de l’Opposition Démocratique ont passé en revue les principaux maux qui minent le Pays. Ils ont décidé de publier le présent mémorandum qu’ils se proposent de remettre personnellement à François HOLLANDE, afin de lui présenter le Tchad tel qu’il est.
En effet, à force de publicité dans les médias, le Président Idriss Déby ITNO a réussi à cacher le vrai visage de son régime à l’extérieur. C’est un régime anti-démocratique qui est arrivé au pouvoir par la force des armes et se maintient par la force des armes, en prenant le peuple en otage. Au pouvoir depuis 1990, Idriss Déby ITNO dont le bilan est calamiteux, se prépare encore à se présenter à l’élection présidentielle de 2016. Pourquoi faire ?
L’Opposition Tchadienne travaille dans un environnement implacable à tous points de vue et malgré toutes les privations, elle inscrit résolument sa lutte dans la démocratie, qui est la seule porteuse d’espoir pour un peuple privé de libertés depuis plus de quarante ans.
La situation du Tchad se présente ainsi, sans être exhaustive :
- Droits et libertés : violations constantes des droits et libertés des citoyens, instrumentalisation de la Justice par le pouvoir, confiscation de la presse publique soumise au seul Parti au pouvoir, menaces constantes sur la presse privée, insécurité permanente et entretenue…
- Situation socio-économique : paupérisation croissante de la population (cherté de vie, manque d’eau potable, famine, maladies, insuffisance d’infrastructures sanitaires et scolaires…) ; gestion patrimoniale de l’Etat (régies financières, sociétés d’Etat et gestion des grands ministères par la famille présidentielle; privatisation des documents administratifs au profit d’une société familiale pour éditer : carte nationale d’identité, permis de conduire, passeport, carte grise, carte de séjour ; cession des domaines privés de l’Etat au clan présidentiel, accaparement des terres viables ; choix économiques hasardeux dans les infrastructures, dans le seul but de détourner les deniers publics au profit d’une oligarchie ; expropriations et déguerpissements abusifs.
- Situation politique : confiscation du pouvoir par des élections truquées ; refus délibéré de réformer l’armée au profit d’une armée véritablement républicaine qui soit au service d’un peuple et non d’un pouvoir personnel ; politisation accrue de l’administration centrale et territoriale ; gestion mafieuse des ressources pétrolières, caractérisée par des détournements massifs ; interdiction systématique des manifestations pacifiques de l’opposition ; blocage délibéré du processus électoral (manque de moyens conséquents à la CENI) ; banalisation de l’opposition qui ne bénéficie pas de tous ses droits légaux ( la subvention est versée au gré du Président de la République, refus de mettre en œuvre la Loi sur le statut de l’opposition) ; Assemblée nationale soumise et violation de l’immunité parlementaire.
- Crimes politiques : depuis son installation, le régime du Président Idriss Déby ITNO, se caractérise par des crimes politiques restés jusqu’ici impunis et non élucidés. C’est notamment le cas de : MM. Mamadou BISSO, Joseph BEHIDI, Abbas KOTY, MBAILAOU MIANBE, Bichara DIGUI, Mahamat GUETI, Brahim SELGUET, IBNI Oumar Mahamat Saleh…
A l’extérieur, le Gouvernement tchadien doit cesser toute intrusion dans les pays voisins, en particulier en RCA, où, du fait d’une aventure guerrière, des milliers de Tchadiens ont été assassinés ou expulsés.
De la même façon, il doit cesser de manipuler la rébellion soudanaise pour un retour effectif et durable de la paix au Soudan.
En ce qui concerne la lutte contre les extrémistes, le Tchad doit mettre en œuvre les accords de Paris et collaborer sincèrement avec les pays voisins, en particulier le Nigéria, pour éviter toute contagion qui remettrait en cause la paix dans la sous-région.
Ce bref aperçu montre clairement que le Tchad n’est ni un Etat démocratique, ni un Etat de droit. Les Partis politiques de l’opposition alertent l’opinion internationale sur la nature réelle du régime du Président Idriss Déby ITNO.
Les Partis Politiques de l’Opposition demandent instamment aux partenaires économiques du Tchad, en particulier la France, d’être de plus en plus exigeants sur la gouvernance économique, le respect des droits de l’homme et des libertés et de suivre de plus près le processus électoral en cours. La transparence électorale doit être une exigence dont ne saurait se départir un régime qui excelle dans la fraude et le tripatouillage. Il y va de la paix intérieure et extérieure.
Fait à N’Djamena, le 15 juillet 2014
Le Chef de File de l’Opposition
Saleh KEBZABO