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Les journalistes tchadiens sont-ils des journalistes de circonstance ?
A l’occasion de la fête des indépendances du 11 Aout 2014, IDI a donné une conférence de presse dans son jardin présidentiel. Tous les medias publics et privés existant au Tchad y étaient invités. En tant que téléspectateur, j’ai été choqué par la pauvreté intellectuelle et l’impertinence des questions que nos journalistes ont posées au Chef de l’Etat. On sentait visiblement la peur, l’angoisse et le manque de dignité dans le milieu des journalistes qui étaient là. Certains ont des tremblotes susceptibles mêmes d’être remarquées par un aveugle. Les vraies questions ont été escamotées. Les vrais maux dont souffre le Tchad actuel n’ont pas été débattus : la mainmise du clan de Deby sur toute l’économie, la mauvaise gouvernance économique et politique, la collision qui existe entre la direction nationale de la BEAC et la présidence de la république entrainant d’importantes fuites financières au profit du régime, la nomination des préfets et sou préfets illettrés, l’électricité et l’eau potable qui se font toujours rares depuis l’avènement du MPS, le phénomène de labouras où une catégorie de tchadien notamment des sudistes subit une humiliation professionnelle constante et n’est considérée comme un objet, le déguerpissement des populations et le partage de leurs terrains entre les barons, ministres et autres haute personnalités, les inondations semant plusieurs centaines de déplacés, la mauvaise qualité des infrastructures offertes par certaines entreprises détenues par les proches du pouvoir et surtout le cas du SNER qui continue encore à rafler tous les marchés publics en dépit de ses incompétences notoires, le cas d’Air touai qui ne fonctionne mais dont les fonctionnaires sont pris en charge par les contribuable tchadiens depuis plusieurs mois, la cherté de la vie, l’impunité de certains tchadiens, nomination à des hauts postes de responsabilité des personnalités plusieurs fois judiciairement récidivistes, la cherté de la vie au Tchad, l’insécurité interne, les inégalités sociales grandissantes au Tchad, les monopoles commerciaux où par exemple le transport est détenu par une seule ethnie au Tchad, la vente des matériaux de construction détenue par une seule ethnie au Tchad, les stations de carburant détenues par une seule famille en dehors de quelques entreprises internationales telles que Total, Tamoil .
Ces vrais problèmes n’ont pas été abordés par nos journalistes qui visiblement ne voulaient pas embarrasser le président par des questions tranchantes. On a entendu des interpellations sur des questions de moindre incidence sur la vie du tchadien ordinaire : l’opération française barkhane, les retombées de la visite présidentielle aux Etats Unis et à l’intérieur du Pays, la carte biométrique.
Je dois quand même féliciter le journaliste du journal « le temps » Michael Didama qui a osé demander au Président de la république si 23 ans au pouvoir ne paraissait pas trop.
C’est vraiment dommage car les journalistes décrient entre eux dans les quartiers que le pays est mal géré et voilà l’occasion d’en dire haut au premier responsable et le premier coupable, on a peur de le dire. J’ai entendu même un journaliste dire que les détracteurs de Deby critiquent ses nombreuses visites infructueuses dans le Tchad profond. Qui sont ces détracteurs ? Critiquer une action gouvernementale est suffisant pour être appelé détracteur du régime ?
Je suis vraiment déçu car le journalisme se doit d’être objectif, courageux et porte-parole de tous les sans voies et ce à tout moment. Si on n’a pas ces qualités, inutile de demeurer journaliste.
Hongramngaye2014@yahoo.fr |
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