La Chute Précipitée de Blaise Compaoré: Une leçon pour le Tchad
Il est vrai que les politiciens font l’histoire mais n’en apprennent guère. Nos politiciens dictateurs Africains tellement obsédés par la gourmandise du pouvoir finissent par être chassés du pouvoir comme des chiens galeux.Se servent-ils de leurs chutes comme un cas d’école ? Non ! Ils s’entêtent tellement, signent et persistent et ne voient pas en alternance politique réclamée par leurs peuples une option crédible qu’il faut considérer.
A l’instar de tous les autres dictateurs Africains, Blaise Compaoré était sûr de lui et voulait simplement mourir au pouvoir malgré la pression de la rue devenue insupportable. On entendait dans sa déclaration à la veille de sa chute, un Blaise persistant qui voyait toujours une lueur d’espoir de conduire son pays dans une transition jusqu’aux nouvelles échéances. Il croyait que la chance était toujours de son cote malgré que tout fût perdu.Heureusement, le peuple Burkinabè était très déterminé et ne pouvait plus céderà ses manœuvres.
Ce que je soutiendrais de « prétendue démission » le jour de sa chute n’était qu’un passage obligé pour Blaise par ce que c’était fini. En justifiant, cette soi-disant démission par ce qu’il voulait éviter le bain de sang à son peuple, Blaise pensait donner à son héritage politique une dernière meilleure image. Mais c’était déjà bien trop tard. Il aurait dû saisir cette opportunité des années bien avant quand son peuple s’opposait à son projet de confiscation de pouvoir. Cela lui aurait servi peut être de porte de sortie honorable. Mais en bon dictateur et ne pouvant faire exception à la règle, il était tombé dans le même piège comme beaucoup de ses prédécesseurs et a perdu le pouvoir de façon aussi humiliante après 27 ans de main mise sur son peuple. Beaucoup répèteront la même bêtise malheureusement.
Et alors notre président déchu, lâché par son peuple devient subitement un homme d’état et se permet de dire que l’intérêt suprême de la nation était sa préoccupation majeure et qu’ils pardonnaient àtous ceux qui l’ont trahi. C’est le propre de tous les dictateurs. Quel revirement ?
Lecalvaire de Blaise ne s’arrêtera pas à ses peines de digérer sa chute brusque et inattendue. Ce qui va hanter le président déchu et l’empêchera de dormir c’est bien des poursuites judiciaires que le peuple Burkinabé engagerait contre lui notamment dans les grand dossiers tels que l’assassinat du panafricaniste Thomas Sankara et du célèbre journaliste Norbert Zongo. Voilà le sort qui attend tous les dictateurs qui continueront de s’entêter face aux exigences d’alternances réclamées par leurs peuples.
A la tête du pays depuis 24 ans avec un bilan très calamiteux, Deby sait que les tchadiens n’ont plus besoin de lui. Nous avons soif de l’alternance. Nous espérons qu’il a certainement tiré de leçons de ce qui est arrivé à son homologue Blaise Compaoré. Si Deby est intelligent, il doit faire preuve de sagesse en écoutant les cris du peuple Tchadien qui a désespérément soit de changement à la tête de l’état. Les signes indicateurs sont déjà là et Deby lui-même sait que le peuple n’est plus derrière lui. A l’exemple du président Yayi Boni du Benin, nous exigeons que qu’il fasse une déclaration au peuple tchadien le plutôt possible pour exprimer sa position de ne plus briguer un 5eme mandat. Ce sera un salut pour le pays et un très haut acte de patriotisme de sa part. Cela l’élèvera et marquera l’histoire politique de notre nation. En agissant de cette manière, il entrerait dans le concert des hommes soucieux de leur pays. Ce qui lui offrirait peut être une certaine amnistie vis-à-vis des lourds dossiers de crimes qui l’attendent certainement après sa présidence comme à l’exemple de son homologue Blaise et bien d’autres dictateurs.
Je voudrais terminer ma réflexion sur les observations très pertinentes faites par Florent Geel , le responsable du bureau Afrique dela Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme (Fidh). Ses propos accès sur la chute de Blaise Compaoré et ses leçons pour l’Afrique sont tirés du site togonews.info et s’établissent comme suit: « L’enseignement qu’il faut tirer de
ce mouvement est double. Premièrement, je pense que Blaise Compaoré aurait puamorcer une transition il y a quelques années en douceur, permettant pour luide se retirer du pouvoir. Il a voulu passer en force et il en paie aujourd’huile prix fort. C’est un signal fort pour les prochaines élections puisqu’en 2014et 2016, il va y avoir 52 élections sur le continent africain dont 25 électionsprésidentielles dans 27 pays d’Afrique, c’est énorme – et c’est un signal fortpour tous ceux qui souhaiteraient passer en force. Il y en a un certain nombre.Je pense à la RDC, au Congo ou d’autres pays. C’est un signal fort à cesdirigeants africains sur le fait que l’Afrique a changé. On ne peut pluss’imposer ou conserver le pouvoir pour ses propres intérêts. Il faut tenircompte maintenant des peuples, de la société civile et des citoyens (…) LesBurkinabè portent très clairement les espoirs de grandes parties de peuplesafricains qui entendent aujourd’hui en 2014, dire que l’Afrique a changé et queleur vote doit effectivement compter. On ne peut plus leur imposer desdirigeants qu’ils n’ont pas librement choisis et affirment ainsi que cetévénement démocratique, sans être un printemps démocratique, est une maturitéde l’Afrique. Il doit accompagner un réel développement que les Africains danstoutes leurs diversités attendent, souhaitent et veulent construire. Ceci passepar un minimum de pouvoirs, de contre-pouvoirs, une presse libre etindépendante, une société civile qui peut s’exprimer… Il y a donc de très nombreux enjeux sur le continent africain aujourd’hui, et ce qui se passe auBurkina est un message très clair aux dirigeants africains affirmantqu’aujourd’hui tout n’est plus possible », a- t-il déclaré.
En bon entendeur salut !
Votre compatriote Mbaidanem