Yamina D. est une ressortissante Marocaine, mariée à un Français. Au Maroc, elle est titulaire d'une licence en littérature française obtenue à l'université de Rabat, et enseigne le français dans un lycée de Rabat. Elle décide de quitter son Maroc natal pour s'installer en France avec son mari. Arrivée en France, elle dépose un dossier de naturalisation après quelques années de vie commune avec son mari. Ils ont deux enfants. Après dépôt du dossier de naturalisation, elle reçoit un courrier dans lequel on lui réclame une pièce fondamentale, sans quoi le dossier ne passe pas : cette pièce, c'est l'attestation de connaissance de la langue française.
Rolland B. est docteur en médecine. Il a fait ses études au Sénégal. Il arrive en France après ses études. Il a travaillé dans plusieurs hôpitaux de France, d'abord comme faisant-fonction d'interne, puis assistant chef de clinique. Il a entamé une procédure d'inscription au Conseil de l'Ordre des Médecins en France. Il a passé des épreuves écrites de vérification de connaissances fondamentales et connaissances pratiques en médecine générale, histoire d'évaluer son niveau professionnel avant qu'une commission ne se prononce sur son dossier. Précision de taille : il a composé en français. Il a obtenu la nationalité française entre temps. Il a envoyé son dossier CNG (Centre National de Gestion des praticiens hospitaliers). Il reçoit un courrier dans lequel, on lui apprend qu'il manque à son dossier un document capital sans quoi son dossier ne passera pas en commission : cette pièce, c'est l'attestation de connaissance de la langue française. Oui, on lui demande à lui, Français de nationalité, de produire un document attestant qu'il comprend le français.
Les cas de Yamina et de Rolland sont nombreux en France, et constituent la parfaite illustration d'une France qui se moque des ressortissants des pays qui ont comme langue officielle le français, qui ont été à l'école française, qui ont des diplômes rédigés en français. En plus le test de connaissance de la langue française est une véritable humiliation pour les francophones. Il consiste à s'inscrire dans un organisme agréé par l'Etat : un TCF (test de connaissance de la langue française). Normalement, le TCF est conçu pour les non francophones (Allemands, Japonais, Chinois, etc). Mais on demande aux personnes parlant parfaitement français, d'y aller pour faire évaluer leur connaissance de la langue française. Le test est un QCM. Un ordinateur dit par exemple : "terminus, tout le monde descend de voiture". Il faut cocher la réponse correspondante :
A : il y a eu un accident
B - : le véhicule est tombé en panne
C - c'est la fin du parcours.
Au vue de l'humiliation que subissent au quotidien les ressortissants de l'espace francophone sur le sol français, on est en droit de se demander à quoi ça sert d'appartenir à l'OIF. Rolland B est Sénégalais, le pays de Senghor qui a été membre de l'Académie française. Le SG de l'OIF était un Sénégalais, Abdou Diouf. Rolland B. parle le français mieux que beaucoup de Français dits de souche. Mais on lui demande quand même de prouver qu'il comprend le français avant d'obtenir l'autorisation d'inscription au Conseil de l'Ordre des Médecins. N'y a-t-il pas l'ombre d'une discrimination ou de la xénophobie dans cette façon de traiter les étrangers ? La francophonie n'est-elle pas réduite à une organisation purement politique qui permet à la France de peser partout sur la scène internationale sans plus ? A entendre les discours tenus lors des différents sommets par les présidents Français, c'est bien d'une organisation purement politique qu'il s'agit.
Au vu de ce qui se passe dans la réalité, on peut réfléchir sur l'opportunité pour nos pays d'appartenir à l'OIF.
Oui, il faut boycotter la francophonie, car elle ne sert à rien d'autre qu'à inféoder nos pays à la France.
BELEMGOTO Macaoura
macaoura@hotmail.fr