CENTRAFRIQUE - TCHAD : IDRISS DEBY INTO : LE MACHIAVEL DE BANGUI
Hallucinant ! Idriss Deby Into, président du Tchad, vient de tancer les Centrafricains !
Le 20 décembre, en des termes dignes de ceux d’un gouverneur de l’Oubangui-Chari, il s'est permis de déclarer dans le message qu'il leur destinait : « … la situation en Centrafrique peut porter atteinte au Tchad… »
De fait, depuis toujours, Deby craint que la République Centrafricaine ne devienne un sanctuaire pour les rebelles tchadiens qui veulent le chasser du pouvoir. Et, poursuivant ses vociférations empreintes de mépris à l’endroit des dirigeants de transition centrafricains, il ne craint pas de proclamer : «… Les acteurs politiques ont créé l’amalgame dans les esprits des citoyens centrafricains, en entretenant la confusion entre les ex-Séléka et les ressortissants tchadiens… »
Les Centrafricains n’ont besoin de personne pour comprendre que le principal responsable du chaos sanglant dans leur pays, c'est Deby. Beaucoup s’interrogent sur les accords ambigus passés entre la France et le Tchad à propos du Centrafrique. Depuis Ange-Félix Patassé, en passant par François Bozizé et, aujourd’hui, Michel Djotodia, c’est bien Idriss Deby Into, le clone de Talleyrand en Centrafrique - peut-être même en Afrique centrale - qui installe les présidents ou les destitue, pour assurer la survie de son trône.
Car, depuis qu'il a chassé du pouvoir Hissene Habré, aidé par son clan des Zaghawas, son trône n’a cessé de tanguer. Après avoir réussi à acheter la paix au sud grâce aux pétro-C.F.A., il a vu son pouvoir constamment contesté par les rebelles des autres régions - à telle enseigne qu'il doit vivre dans une sorte de caserne, protégé par les membres de sa tribu.
En février 2008, des rebelles tchadiens du Commandement Militaire Unifié (C.M.U.) lancent une offensive sur Ndjamena. Deby est cerné dans son palais. Il appelle à l'aide, plusieurs fois dans la journée, le Président de la République Française. Positionnées à Ndjamena depuis le début de la colonisation, les forces françaises interviennent alors et sauvent le pouvoir d'Idriss Deby Into.
S’il est encore le dirigeant du Tchad aujourd’hui, comme beaucoup d’autres hiérarques africains le sont dans leur pays, c’est grâce à l’édredon militaire français. On comprend mieux l’ardeur de ses soldats aux côtés des Français lors de l'intervention au Mali, au cours de laquelle quarante d'entre eux trouveront la mort.
CENTRAFRIQUE : UNE RANCON POUR DEBY ?
Au lieu de mettre la République Centrafricaine sous la tutelle administrative des Nations-Unies et de l’Union Africaine, on la livre à Deby et c'est lui qui nomme le personnel politique qui lui convient !
Aujourd’hui à Bangui, c’est lui qui détient la réalité d’un pouvoir à la renverse. Le Président de la Transition, Michel Djotodia, ne se déplace que dans des véhicules blindés tchadiens. Les Centrafricains peuvent constater que les soldats les plus nombreux dans la MISCA (Mission Internationale de Soutien au Centrafrique) viennent de N'Djaména. Madame Samantha Power, ambassadrice des Etats-Unis à l’O.N.U., de retour d’un voyage éclair en Centrafrique, a fait escale au Tchad pour y rencontrer Deby. Pourquoi n'a-t-elle pas organisé une réunion commune avec les autres chefs d’état de l’Afrique Centrale ? On n’ose pas croire que la France et les Etats-Unis aient choisi l’option Deby, symboliquement néfaste aux yeux des Centrafricains et inquiétante pour les pays voisins. Denis Sassou Nguésso, Ali Bongo et Paul Biya ont dû moyennement apprécier ces errements, qui ressemblent à du mépris à leur encontre...
RETRAIT DES TROUPES TCHADIENNES DE LA MISCA : UNE URGENCE
Pour beaucoup de Centrafricains, l’activisme de Deby en Centrafrique est devenu une provocation insupportable. Djotodia et son gouvernement provisoire sont perçus comme ses feudataires. Les criminels de la Séléka ont été financés et armés avec sa bénédiction à partir de N'Djaména. Les Tchadiens qui, jusqu’ici, vivaient en fraternité et en harmonie avec les Centrafricains, passent maintenant pour des membres de la Séléka ou des islamistes.
En effet, quand ceux-ci ont fait irruption en Centrafrique, ils ont entrepris d’instituer la charia (c'est-à-dire la loi islamique) sur la terre des Bantous qui sont à majorité chrétienne et animiste. On a vu apparaître dans les rues de Bangui des filles et des femmes voilées. Des voleurs - avaient-ils vraiment volé ? - ont eu la main coupée. Le bâtonnier Zarambo a été menacé de mort. Son domicile a été pillé. Pire encore : un magistrat de la République a été assassiné...
Les viols, les tortures infligées aux chrétiens, la profanation de leurs lieux de cultes se sont multipliés. Dans l’arrière-pays, des villages entiers, pris en otage, ont été administrés selon les lois islamiques.
Il ne faut donc pas s’étonner qu’aujourd’hui, des Centrafricains patriotes s’organisent en groupes d’auto-défense. Les anti-balakas (anti-machettes) sont l’expression d’un peuple entré en résistance et qui n'est pas prêt de rendre ses armes. Ceux qui connaissent ce peuple savent que sa détermination sera sans faille.
La solution passe par le retrait de Deby et de son armée du Centrafrique. Si la France veut remercier le dirigeant tchadien pour sa participation courageuse au Mali, ce ne sera pas en le laissant se comporter comme un Führer en Centrafrique, il lui faudra trouver autre chose...
MISE SOUS TUTELLE DE L’UNION AFRICAINE ET DE L’O.N.U. ? SOLUTION NECESSAIRE MAIS DIFFICILE POUR LES HERITIERS DE BARTHELEMY BONGADA…
Pour les chrétiens et les anti-balakas, Michel Djotodia et son gouvernement de transition ne sont pas légitimes. Leurs appels à la concertation ne trouveront pas d’échos dans la savane centrafricaine. Les armadas présentes et à venir en Centrafrique ne suffiront pas à réconcilier les uns et les autres.
La MISCA et la France risquent de s’envaser pour longtemps dans le bourbier centrafricain. Chaque jour qui passe voit le pays s’embraser un peu plus. Venus de l'étranger, des prédateurs tentent, avec la complicité des dirigeants centrafricains cupides, de faire main basse sur les riches territoires bantous.
Mais les dernières évolutions de la situation en Centrafrique l’attestent : la nervosité actuelle des mercenaires de Deby en Centrafrique est l’expression même de l’échec de leur plan machiavélique, qui consistait à vouloir contrôler le pays et à l’islamiser de force.
Des soldats tchadiens de la MISCA ont tiré sur le peuple centrafricain. Un jeune homme a été abattu, plusieurs autres ont été blessés. Et ce sont des soldats burundais, issus de la même MISCA, qui ont répondu à leurs tirs..
Que dire, en outre, des incroyables et sardoniques éructations d’un mercenaire tchadien ? Elles laissent pantois. Au cours d’une conférence de presse, celui-ci n'a pas hésité à évoquer, ni plus ni moins, la partition de la République Centrafricaine !
Cet illuminé islamiste, du nom d'Abakar Sabone, a menacé de regrouper tous les musulmans au nord de la R.C.A. et de faire sécession. Rêve-t-il d’un nord Mali en Centrafrique ? Se prend-il pour un chef de guerre touareg ?
Dans un autre pays, mené par un gouvernement courageux, cet islamiste provocateur aurait été immédiatement appréhendé.
Mais, devant ce dérapage, le Président de la Transition et son gouvernement n'ont réagi que tardivement et mollement. Par ailleurs, on n’a guère entendu l’Union Africaine, l’ONU, la France et la MISCA condamner avec la dernière énergie les insanités anti-républicaines de ce mercenaire tchadien.
Ces propos constituent, pour le peuple centrafricain, une véritable déclaration de guerre. Il ne laissera jamais son pays échapper au principe d’une "République Laïque, Une et Indivisible." C’est pourquoi il est vraisemblable qu'il va se radicaliser et résister. Quand on provoque un peuple pacifique, c’est comme si on tirait la queue d'un lion dans sa tanière : les conséquences sont toujours imprévisibles...
Si la France veut que son action - salutaire- en Centrafrique soit couronnée de succès, elle doit cesser de donner l’impression de céder aux visées expansionnistes d'Idriss Deby. Les oukases, les messes basses, les arrangements occultes ont transformé la République Centrafricaine en un champ de mines qui explosent. La soif de pouvoir du dirigeant tchadien et l'incompétence de dirigeants centrafricains fantoches ont causé des ravages. Une cassure a surgi entre le Tchad et la R.C.A., séparant deux peuples qui étaient frères.
Mise sous tutelle du Centrafrique sous l'égide de l’Union africaine et de l'O. N.U. , organisation d'élections dans six ou huit mois maximum : telles sont les décisions courageuses que la sortie du chaos appelle.
Et le temps presse. A. DE KITIKI
CENTRAFRIQUE-TCHAD: IDRISS DEBY INTO LE MACHIAVEL DE BANGUIUI
Le 20 décembre, en des termes dignes de ceux d'un gouverneur de l'Oubangui-Chari, il s'est permis de déclarer dans le message qu'il leur destinait : " ... la situation en Centrafrique peut porter...