Le Collectif de Solidarité avec les Luttes Sociales et Politiques en Afrique se mobilise depuis 2009 à Paris dans le sens d’un soutien aux démocrates africains et dans le sens d’une réforme profonde de la politique française. Il constitue un espace de réflexion collective, de plaidoyer et d’échanges entre partis politiques et associations, de France et d’Afrique. Il a publié le 15 décembre 2013 le dossier d’information « Tchad 2013 : la réhabilitation impossible d’un dictateur notoire » qui s’attache à décrire à la fois les caractéristiques de la dictature tchadienne, et la relation entre les États français et tchadien.
Ce premier dossier proposait une analyse du rôle d’Idriss Déby depuis 1990, en Centrafrique, en Libye en 2011, au Nigéria entre 2009 et 2013 et surtout au Darfour et au Soudan entre 2004 et 2009, dans son chapitre « Le président stable dans une région instable ? ». Entre mi-décembre 2013 et fin février 2014, la spirale de la violence en Centrafrique a continué d'attirer l'attention sur le Tchad et son président. De nombreuses informations se sont accumulées, y compris sur la genèse du conflit en 2012, et, il a été jugé utile d'en rédiger rapidement une synthèse sous la forme d'un deuxième dossier d'information : « Influence et implication d’Idriss Déby en Centrafrique de mi-2012 à janvier 2014 ». Au regard de la situation dramatique actuelle en Centrafrique, il y aurait eu d'autres angles possibles. Aussi, ce dossier doit être compris en fonction de l'approche initiale du dossier « Tchad 2013 : la réhabilitation impossible d’un dictateur notoire » qui mettait déjà l'accent sur le régime dictatorial au Tchad.
Idriss Déby considérait qu’il devait contrôler en grande partie la Centrafrique pour éviter qu’une rébellion tchadienne ne s'y crée. L'histoire du conflit centrafricain apparu en décembre 2012 commence en réalité au printemps 2012, aux prémices de la création de la Séléka, quand un premier groupe de rebelles tchadiens et centrafricains ont naïvement imaginé renverser Bozizé pour ensuite viser Déby. Réconforté par la tentative de réhabilitation menée par les dirigeants politiques et militaires français entre fin 2012 et fin 2013, assuré par la concomitance des conflits malien et centrafricain, Idriss Déby s’est cru autorisé à agir selon les méthodes qu’il maîtrisait déjà en Centrafrique, pour garantir une maîtrise militaire et obtenir le renversement de François Bozizé par un pouvoir qui lui serait soumis.
Confronté aux massacres d'une partie de la population centrafricaine, assimilée à la fois à des tchadiens et à des musulmans, Idriss Déby a été obligé de reculer mais a, pour l'instant, réussi à camoufler ses responsabilités comme il avait réussi à escamoter son rôle dans la guerre au Darfour entre 2004 et 2009. Au-delà de ce conflit, les dirigeants français peinent à sortir des compromissions systémiques avec l'ensemble des dictateurs d'Afrique centrale, manquent cruellement de vision générale pour aider réellement les peuples africains, sont confrontés à l’échec de la politique française en Centrafrique et au Tchad depuis les années 90, et semblent incapable de s’éloigner d’un allié conjoncturellement renforcé, notoirement infréquentable, et, de plus en plus encombrant.
Paris, 5 mars 2014. Lire le dossier d'information en version PDF, ou en html ci-dessous. *** INFLUENCE ET IMPLICATION D'IDRISS DEBY EN CENTRAFRIQUE DE MI-2012 A JANVIER 2014 Paris, 5 mars 2014 ...
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