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M3F : notre vengeance sera le pardon au Tchad

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Peur sur le Tchad

 

Une chape de plomb s'est abattue sur le Tchad... Et elle n'est pas seulement due aux chaleurs caniculaires que connaissent actuellement les ndjamenois et autres habitants de la terre de Toumaï. Car nul n'ignore que la liberté d'expression est constamment bafouée dans notre pays, et ce depuis plusieurs années. Pour un peu, on se croirait revenu dans les années 70, au temps où le règne du parti unique était la règle dans la majorité des pays du continent africain. A cette époque, des dictateurs tels que Bokassa, Houphouët-Boigny ou Gnassingbe Eyadema s'inspiraient tantôt de l'impérialisme du bloc de l'Ouest tantôt par du modèle soviétique à la Brejnev, le tout revisité à la sauce de la chefferie africaine. Il en résultait un étouffement de la vie démocratique de leurs Etats et la répression de toute velléité libertaire initiée par la société civile.

 

Ainsi, à l'heure des Révolutions arabes et de la démocratisation du continent africain, le Tchad apparaît donc comme une anomalie, un vestige du passé tant le régime d'Idriss Deby se complait dans un autoritarisme anachronique. La preuve en chiffres : au dernier classement de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières, le Tchad se classait 139ème, en recul de 17 places (!) par rapport à l'année 2013. Les journalistes Eric Topona et Avenir de la Tchiré, abusivement emprisonnés, peuvent en témoigner, tout comme le célèbre blogueur Makaila Nguebla, expulsé du Sénégal sur demande de Ndjamena. Par ailleurs, des sites d'oppositions tels que le Tchadanthropus ou le blog du Makaila sont régulièrement censurés.

 

Quant aux médias officiels, ils n'ont rien à envier à la maestria propagandiste de la Pravda, journal officiel du Parti Communiste du temps l'URSS. Serinant à longueur de journée les prétendues réalisations de « Son Excellence le Chef de l'Etat Idriss Deby Itno » (une quarantaine de citations en moyenne pour un journal d'une durée approximative de 25 minutes) et louant « la clairvoyance, la générosité et le courage » de celui-ci, la télé nationale refuse délibérément de relayer la réalité socio-économique du Tchad, se muant en un grossier objet d'endoctrinement. Inutile d'ajouter qu'aucune place n'est laissée sur cette antenne à l'opposition, qu'elle soit présente au pays ou en exil à l'étranger.

 

Mais il y a plus grave... Car la peur s'est littéralement abattue sur notre pays. Les habitantes et habitants du Tchad n'osent plus émettre ne serait-ce qu'une critique à l'encontre du régime en place, de peur d'être stigmatisé, menacé, de perdre leur travail, d'être arrêté et transféré dans une des terribles prisons construites à l'attention de ceux que le pouvoir considère comme des « dangers pour l'ordre public ». La police politique, la sinistre ANS, a placé ses sbires partout et, au sein d'une même famille, la méfiance est de mise. Dans les cafés, bars à chicha et autres maquis, les personnes attablées évitent soigneusement les conversations politiques, de crainte que les oreilles indiscrètes ne se cachent jusque dans leur tasse de thé. Quant aux manifestations, il ne vient à personne l'idée d'en organiser une, tant la répression qui s'en suivrait serait féroce et impitoyable.

 

Il faudra pourtant qu'à un moment ou à un autre, les fils et les filles de Toumaï surmontent leur peur et se lèvent pour braver une dictature innommable. Comme dans les pays arabes en 2011, des manifestations doivent être organisées pour réclamer le départ de Deby et l'instauration d'une véritable transition démocratique qui permettra aux libertés fondamentales d'être enfin respectées. Car, comme le souligne avec force la devise du Mouvement du 3 février emprunté à Robespierre, « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs. » A bon entendeur, salut !

 

Fait à Caen le 24 mars 2014,

 

Collectif

 

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