CAMEROUN
Le climat médiatique se durcit au fil des convocations et des suspensions
Reporters sans frontières s’inquiète de l’attitude de plus en plus intransigeante du Conseil National de la Communication (CNC), présidé par Monseigneur Joseph Befe Ateba.
"Au cours des deux derniers mois, le CNC a clairement durci le ton envers les journalistes et les organes de presse en multipliant convocations et suspensions", a déclaré Reporters sans frontières.
"Le Conseil fait preuve d’une bonne foi discutable dans ses démarches en convoquant les journalistes à plusieurs reprises à des dates où il les sait absent et en les confrontant lors des audiences à des accusations autres que celles mentionnées sur la convocation. Nous appelons cet organe de régulation à ne pas outrepasser ses attributions par la menace, la pression et la censure", a ajouté l’organisation.
"Nous demandons également au CNC de rendre ses procédures de saisine et de délibération plus transparentes afin de désamorcer les soupçons d’arbitraire qui pèsent contre lui", a conclu Reporters sans frontières.
Le 28 octobre 2013, Benjamin Zebaze et Guibaï Gatama, directeurs de publication du quotidien Ouest-Littoral et de l’hebdomadaire L’œil du Sahel respectivement, ont été convoqués auprès du CNC, suite à des plaintes pour « manquement à l’éthique et à la déontologie ». La plainte contre Benjamin Zebaze déposée par Msgr Befe Ateba lui même concernait un article du 10 octobre 2013 sur la polémique créée par l’interdiction par le CNC de la publication des tendances électorales. Celle visant le Guimaï Gatama, émise par le délégué général à la Sureté national, Martin Mbarga Nguele, visait un article du 15 octobre 2013 concernant des affrontements à la frontière Cameroun-Nigéria.
Tous deux absents de Yaoundé, capitale du pays, le jour de leur convocation, ils se sont fait représenter par leur collaborateur.
Dans les semaines précédant les élections législatives du 30 septembre 2013, le CNC avait commencé à durcir le ton.
Le 14 septembre 2013, son président avait distribué un guide à destination des journalistes en période électorales, détaillant toutes les séries de sanctions dont ils feraient l’objet en cas de manquement à l’éthique et à la déontologie. "Je serai vraiment très intransigeant", avait-il affirmé.
Le 5 septembre, plusieurs médias et professionnels de la communication avaient été les cibles de sévères sanctions prises par le CNC, allant de la suspension provisoire à la suspension définitive pour "non respect des dispositions de loi en matière de communication sociale". Il s’agissait des journaux The Chronical, The Guardian Post et de leur directeur de publication ; de L’Epervier, de Radio Sky One et de Peguy Meyong, journaliste à Radio Satellite. Radio Djacom FM a été quant à elle, définitivement interdite de diffusion.
Institué par la loi n° 90/052 du 19 décembre 1990 relative à la liberté de la communication sociale, le Conseil National de la Communication est un organe de régulation et de consultation, doté de la personnalité juridique et de l’autonomie financière. Il n’a cependant pu exercer pleinement ses fonctions qu’à partir de l’année 2013, suite aux décrets portant sa réorganisation et nomination de ses membres, mais qui ne précisent toujours pas les procédures internes qui régissent son fonctionnement.
Le Cameroun est classé 120ème sur 178 pays dans le dernier classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières
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CAMEROON
Summonses and suspensions threaten media environment
Reporters Without Borders is concerned about the growing intransigence of the National Communication Council (CNC), Cameroon’s media regulator, and its president, Joseph Befe Ateba.
“The CNC has taken a clearly tougher line towards journalists and media in the past two months, which is reflected in the number of summonses it has issued and the suspensions it has ordered,” Reporters Without Borders said.
“It has acted with questionable good faith by repeatedly summoning journalists on dates when it knows they are not in the capital, and by raising matters during hearings that were not mentioned in the summons. We urge it not to exceed its powers by using threats, pressure and censorship.”
Reporters Without Borders added: “We also ask the CNC to be more transparent about the way it chooses the cases in which it intervenes and the way it deliberates, in order to dispel suspicion that it is acting arbitrarily.”
Benjamin Zebaze, publisher of the daily Ouest-Littoral, and Guibaï Gatama, publisher of the weekly L’œil du Sahel, were summoned to CNC headquarters in the capital, Yaoundé, on 28 October to respond to accusations of “breaches of professional ethics” brought by Befe Ateba himself and the head of the criminal investigation police, Martin Mbarga Nguele.
The complaint against Zebaze concerned a 10 October article about the CNC’s ban on reporting election trends. The complaint against Gatama, brought by the head of the criminal investigation police, concerned a 15 October article about clashes with the police at the Cameroun-Nigeria border.
Neither Zebaze nor Gatama were in Yaoundé that day and both had to be represented by an employee.
In the weeks leading to the 30 September parliamentary elections, the CNC had started using a harsher tone.
On 14 September, the CNC circulated an election coverage guide that listed all the sanctions to which journalists and media would be exposed if they were found guilty of violating professional ethics. “I will be very intransigent,” Befe Ateba said.
The CNC previously imposed harsh sanctions on several media and journalists on 5 September for their alleged “failure to respect the provisions of the law on social communication.”
The victims included the Chronicle and Guardian Post newspapers and their publishers, the L’Epervier and Radio Sky One, and Radio Satellite journalist Peguy Meyong. The harshest sanction was reserved for Radio Djacom FM, which was banned from broadcasting altogether.
Provision for the creation of a National Communication Council was included in a December 1990 law on social communication (Law No. 90/052), which defined it as a financially autonomous entity for media regulation and consultation.
The council did not however become fully operational until earlier this year, following decrees reorganizing it and appointing its members. The internal procedures governing how it operates remain unclear.
Cameroon is ranked 120th out of 178 countries in the latest Reporters Without Borders press freedom index