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L’Union européenne et le Pnud, complices de mal-gouvernance en Afrique

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Le MAEP, piqué par le virus africain de la gabegie

 

Y a-t-il une malédiction africaine indécrottable à propos de la bonne gouvernance ? Il faut le craindre au regard de la tournure qu’est en train de prendre le MAEP. Il a été imaginé pour inculquer la bonne gouvernance dans les pays en Afrique, dans le sillage de la création du NEPAD, cette initiative africaine, endogène construite sur le postulat que «  l’Afrique dispose de ressources humaines, matérielles, technologiques nécessaires à la promotion de son développement et à la réduction de la pauvreté  ».

Le MAEP devait outiller et assister les Etats africains au niveau de leur talon d’Achille, « la mal gouvernance  ». A l’épreuve, c’est le contraire qui est en voie de se réaliser, comme le démontre assez éloquemment cette enquête minutieuse conduite par la journaliste Ramata Soré au cœur de l’institution, à Addis Abéba (Ethiopie) et à Johannesburg (Afrique du Sud) siège du MAEP.

En effet, les maux qui font le lit de la mal gouvernance dans les pays africains ont été méticuleusement importés au MAEP. C’est d’abord l’irrespect des textes et des dispositions statutaires.

Un président dont le mandat est prévu pour durer un an, reste indéfiniment à la tête de la structure, sans qu’aucun amendement n’ait été opéré sur les textes et dans l’indifférence des autres chefs d’Etat. Le personnel recruté sur des bases qui violent les textes en raison de leur proximité avec une éminente personnalité de l’UA. C’est le cas d’un directeur, aux compétences douteuses, frappé par la limite d’âge de surcroît, mais maintenu par on ne sait quelle magie ? Des chasses gardées sont créées par ressortissants ou pour une catégorie d’africains.

Le MAEP en très peu de temps a attrapé le virus africain de la mal gouvernance avec tous les détournements de fonds qui vont avec et cela avec une apparente complicité ou indifférence d’institutions internationales, parangons de la gestion vertueuse par ailleurs.

Le MAEP qui devait faire le lit du développement et de la lutte contre la pauvreté est minutieusement sapé de l’intérieur. Il est aujourd’hui dévoyé et peut-être condamné à mourir, emporté par le mal qu’il était supposé aider à guérir. Enquête exclusive

Le rôle trouble du Pnud et de l’Union européenne

 

Ces deux grandes institutions n’ignorent rien de ce qui se passe. Elles ferment les yeux. Leur léthargie face à cette situation a nourri un terreau propice à la dé crédibilisation du Maep, de ses dirigeants, et par extension du continent africain.

Addis Abeba. Il est 5h20 du matin ce 30 janvier 2014. Une grande partie de la capitale de l’Ethiopie, par ailleurs de l’Afrique sommeille toujours. Très peu de véhicules circulent. Sur le trottoir pour piétons, des jeunes filles vêtues courts rentrent, peut-être à la maison. Quelques vigiles se font visibles à la devanture des boutiques joliment achalandées. Vestes, robes, Jeans, jupes, de couleur rouge, bleu, noir, et jaune attirent le regard. Ces boutiques longent Bole avenue. Une avenue dont les palmiers artificiels scintillent dans le froid mordant. 

C’est près du rond-point de cette avenue que nous rencontrons notre interlocutrice. Elle semble aux aguets, le regard fuyant et craintif.

« J’espère que personne ne me reconnaitra », dit-t-elle.

Son anglais est teinté d’un doux accent. Un accent de l’une des langues de l’Afrique australe. Avec sa capuche sur la tête, elle nous intime l’ordre de ne pas la regarder.

« Marchez droite et collée à moi. Ainsi, les gens nous considéreront comme des noctambules qui rentrent ». Nous nous exécutons donc.

 

                                                     La loi du silence

 

 

« J’ai peur pour mon boulot en vous parlant », commence-t-elle. Puis silence.

D’ailleurs, elle n’est pas la seule à avoir peur de s’exprimer sur les scandales qui minent le Maep. Un ministre du Cameroun a refusé de s’exprimer sur le sujet. « Chaque Etat ayant ses propres cadavres dans son placard », il dit donc craindre que s’exprimer engage la responsabilité et des représailles contre son pays.

Amara Konneh, Ministre des finances du Libéria et Président du Forum des points focaux, que nous avons plusieurs fois joint au téléphone s’est toujours fait passer pour quelqu’un d’autre. Aux différents e-mails et appels téléphoniques, il n’a donc jamais donné de suite.

Cette même peur de s’exprimer taraude l’une des anciennes Personnalités éminentes du Panel. Auparavant, ayant accepté de parler, elle se désiste, puis revient à la charge avant de complètement se débiner. Il en est de même de ce ministre ressortissant d’un pays d’Afrique de l’Ouest.

« Mais mon boulot n’est rien comparé au devenir du continent à travers le Maep », ajoute après quelques secondes de silence, notre interlocutrice à la capuche.

En s’exprimant ainsi, elle enfonce de plus belle ses mains dans les poches de son pull, comme pour se protéger d’un vent fort venant de face.

« Je vous ai vu la dernière fois parler au Directeur par intérim. J’ai vu comment lui et sa chargée de communication vous ont rabrouée », mentionne notre compagne.

Il est 17h, ce 28 janvier 2014. Dans les anciens locaux de l’Union Africaine, nous approchons Assefa Shifa, le Directeur par intérim du Maep. La raison ? Lui demander de nous accorder une interview portant sur la mal gouvernance dont un bon nombre de ses collaborateurs et des rapports d’audit qui circulent sous les manteaux l’accusent.

Assefa Shifa, ce jour-là, vêtu d’une veste noire, se dit occupé. Pourtant, il était isolé et assis tout seul. Il nous renvoie donc à sa chargée de communication, Selela Liziwe. Elle se propose donc de nous aider, mais s’étant enquis de l’objet de notre demande, elle finit par affirmer, à son tour, être occupée : Elle doit « Prendre soin des membres du Panel des personnalités éminentes », nous précise-t-elle. Elle refuse aussi de nous donner rendez-vous ou ses coordonnées pour toute autre rencontre. Alors, nous insistons auprès du directeur.

« Pouvez-vous m’obliger à vous les donner... ? » nous lance-t-il, nerveux. Pendant ce temps, avec sa main droite, il pianote sur son cellulaire. Sa gauche posée sur la vitre de la façade du bâtiment donnant sur un jardin. 

Si Assefa Shifa semble ainsi préoccupé, c’est à cause d’une série d’événements. Abdoulaye Mar Dieye, nommé, Directeur Afrique du Pnud, en juillet 2013, lui adresse un message électronique le 13 décembre 2013, puis une lettre le 08 janvier 2014. Dans ces courriers, Assefa Shifa, à compter du 31 décembre 2013, est déchargé de ses fonctions de Directeur par interim du Maep qu’il assure depuis 2010 et donc rappelé à ses fonctions originelles au Pnud à Addis Abeba en tant qu’agent maintenancier de parc informatique. 

Une Copie de l’original de la lettre du 08 janvier est transmise au libérien Amara Konneh. Ce dernier est le Président du Comité des Points focaux. Par ailleurs, il est Ministre du plan et des affaires économiques du Libéria. Akere Muna, Président du Panel des personnalités éminentes, en est également ampliataire. Dans ces courriers donc, le Directeur Afrique du Pnud explique que son institution avait accepté qu’Assefa Shifa occupe temporairement le poste de Directeur par intérim pour une seule raison : Il avait été prévu de recruter un directeur permanent plus tard. 

Amara Konneh viole le règlement du Maep

Mais la décision de rappeler Assefa Shifa déplait fortement. A la suite du message du directeur du pnud du 13 décembre, Amara Konneh envoie une lettre aux membres du Panel pour leur rappeler qu’il n’est pas de leur ressort de demander le rappel de Assefa Shifa. Mieux, il précise qu’à ce sujet le Pnud sera contacté au plus haut niveau. En effet, selon une source bien introduite au Pnud, Ellen Johnson Sirleaf, Présidente du Forum des chefs d’Etat et par ailleurs Présidente du Libéria, enjoint, au téléphone, Abdoulaye Mar Dieye de revenir sur sa décision. Mais ce dernier refuse.

Ainsi donc, le 13 janvier 2014, le libérien Amara Konneh, dans un courrier officiel autorise Assefa Shifa à reprendre ses fonctions au Maep et promet de lui octroyer un contrat. Dans le courrier, le ministre libérien justifie sa décision par le fait que Assefa Shifa se doit de préparer les réunions du Comité des points focaux et du Panel des personnalités éminentes qui auront lieu en marge du 22e sommet des Chefs d’état à Addis Abeba. Il dit en avoir informé Ellen Johnson Sirleaf.

Pour le mauricien, Joseph Tsang Mang Kin, l’une des Personnalités éminentes du Panel, la décision prise par Amara Konneh est illégale et illégitime, vues les dispositions régulant le Maep. Cette analyse, Akere Muna la partage. Puis comme débordé par la situation, il refléchit à haute voix.

« Le Pnud a pris la décision de rappeler Assefa Shifa depuis le 13 décembre 2013. On avait donc deux mois pour préparer les réunions du sommet. Mais pourquoi c’est pendant la dernière semaine avant l’organisation du sommet que cette histoire est revenue ? ». Dans un soupir, il confirme qu’Assefa Shifa a fini par démissionner du Pnud afin de pouvoir réoccuper son poste de Directeur par intérim au Maep.

Au nouveau siège de l’Union africaine, ce 30 janvier 2014, lors de son discours, la Présidente du Forum des Chefs d’état du Maep, Ellen Johnson Sirleaf, confirme le retour à son poste du directeur par intérim et le renouvellement pour 4 mois, de son contrat et de celui des membres du personnel du Secrétariat. A la fin du discours, de petits groupes se forment. Les critiques et les questionnements fusent.

« L’Afrique ne va jamais décoller avec ce type de gestion des affaires, » entendons-nous.

« Qui nomme le directeur par intérim et quelle est la procédure ? »

C’est l’ensemble des chefs d’Etat membres du Maep, constituant le Forum, qui nomment pour un mandat de trois ans, renouvelable une fois, le directeur. C’est l’article 51 du manuel de procédure du Maep qui le précise.

Mais quelle nature revêt donc le contrat attribué à Assefa Shifa et qui viole déjà l’une des règles du Mécanisme et par ailleurs de l’Union africaine, UA ? Le Maep étant une agence de l’Union africaine, il adopte les procédures de recrutement que valide cette institution affirme Joseph Tsang Mang Kin.

Or les textes sur le contrat Maep/UA s’agissant du recrutement du directeur dit que l’âge limite pour être recruté à ce poste est de 60 ans. Assefa Shifa né le 11 septembre 1952, en est au-délà. Jusqu’à ce que nous publiions ce dossier, Erastus Mwencha, Vice-Président de la Commission de l’Union africaine en charge des questions relatives au Maep n’a pas répondu à notre questionnaire en rapport avec ce sujet. 
Pour une partenaire du Maep qui a suivi l’institution depuis sa création, cette nomination de Assefa Shifa s’avère une stratégie pour mieux spolier les ressources de l’institution.

« Johnson Sirleaf cherche  à protéger Shifa pour empêcher l’audit du Trust Fund qui pourra exposer Amos Sawyer », confie ce même partenaire du Maep.

Amos Sawyer a été Président du Panel de janvier 2012 à mai 2013. S’agissant du Trust Fund, c’est un fond que les organisations et institutions internationales alimentent pour subventionner les activités du Maep. Il existe depuis 2003, et ses documents de projet entre le Pnud et le Maep ont été signés en 2005.

Deloitte dénonce la gestion du Secrétariat

Déjà en 2012, le Rapport que le Cabinet Deloitte a rédigé, après son audit comptable du fonds de contribution des états membres du Maep, recommande un audit concernant ce Trust Fund. Le Cabinet justifie sa recommandation par le fait qu’il a observé des anomalies graves de gestion au niveau du fonds de contribution qu’abrite la Banque de développement d’Afrique du sud– DBSA et certaines malversations observées font références au Trust fund dont l’accès a été refusé aux auditeurs. Assefa Shifa est celui au niveau du Maep qui a l’autorité de gestion de ces deux fonds. Et par rapport au Trust fund, Akere Muna dit avoir perçu des agissements suspects.

Aussi, nous explique-t-il que lorsqu’il a été nommé en mai 2013 en tant que Président du Panel des personnalités éminentes, il avait découvert qu’en avril 2013, Amos Sawyer avait écrit au Pnud pour demander la prorogation du contrat de Assefa Shifa et du Trust fund duquel est payé le salaire de Shifa. « Tout cela est contraire aux textes du Maep et de ceux réglementant le Trust Fund », assure Akere Muna.

Concernant, Amos Sawyer qui a été également Président par intérim du Libéria de 1990 à 1994, une lettre du 21 mai 2011, émanant du département Finance du Maep lui exige le remboursement de 58 837 rands, soit 5 465 dollars. Cette somme représente le surplus que le Maep a engagé pour un achat de billet d’avion entre Monrovia – Indianapolis- Maputo.

Pour le service financier, pour prendre part aux activités du Maep au Mozambique, le trajet direct se devait d’être : Monrovia - Maputo, avec un coût de 39 012 rands soit 3 623 dollars, somme que doit couvrir le Maep. Le tronçon Indianapolis a répondu à une exigence d’Amos Sawyer. Il est passé par les Etats-Unis afin de rester quelques jours avec son épouse, confie une source au fait de cette histoire. Puis, cette personne de renchérir, « vous savez, il a fait pire que ça. Même ses notes de frais privés de chez le dentiste, il les a fait payer par le Maep »

Dans le même élan, notre source mentionne que des 9 000 dollars pour frais de secrétariat qu’Amos Sawyer a perçu en tant que Président du Panel, il n’a jamais présenté de justificatifs.

Pour de nombreuses personnes, la mal gouvernance qui mine actuellement le Maep a d’énormes ramifications et implications. Le népotisme et le laxisme ont nourrit cela également. 

« Pourquoi le Pnud a laissé son employé Assefa Shifa être Directeur par intérim pendant tout ce temps. Alors qu’ en tant qu’employé du Pnud, il n’avait pas qualité pour traiter des affaires du Maep pour le compte du Secrétariat », dit Akere Muna.

En fait, le népotisme a permis cela, nous susurre une personne bien introduite au sein du Maep. Entre 2009 et 2013, l’éthiopien Teggen Gettu est Directeur du Pnud Afrique à New York. C’est à lui que Zemenay Lakew, personnel du Pnud, qui a géré le Trust fund jusqu’ à sa retraite le 31 décembre 2013, rend compte. Zemenay Lakew, était donc celle qui approuvait ou non les dépenses qu’exprimait le Maep et son Secrétariat.

« Les personnes qui étaient en charge de ces institutions étaient toutes des Ethiopiens. Quoi de plus normal qu’ils se couvrent », confirme un ancien consultant du Maep.

Le scandale est loin de s’arrêter là. Et le Pnud est loin d’être le seul impliqué dans cette situation de mauvaise gestion. L’Union européenne aussi, y est pour quelque chose.

L’Union européenne et le Pnud, complices de mal-gouvernance

En 2010, cette institution européenne fait un don de 2 millions d’euros au Maep. Cette somme, comme toutes les autres contributions des institutions et organisations non africaines sont versées dans le Trust fund. Selon la chargée de communication de l’Union Européenne, Maria Sanchez, des 2 millions déboursés, « un total de 1,3 million de la contribution de l’UE avait été dépensé. »

Mais à quelle fin ? Maria Sanchez, avec laquelle nous avions plusieurs fois échangé, refuse de donner les détails. Toutefois, les détails, une lettre du 30 avril 2013 de Amos Sawyer les dévoile, en partie. Une part de l’argent du Trust Fund a servi à payer le salaire de Assefa Shifa. Or selon les dispositions de Maep et du Pnud, cela ne devrait pas être le cas. Contacté, le Pnud, par le biais de son chargé de communication Nicolas Douillet, s’est refusé à tout commentaire sur la gestion du Trust fund et la situation de Assefa Shifa. 

Mais selon un partenaire du Maep, il existe un réseau opaque de transfert de fonds. Et cela consiste à « tranférer de l’argent du Trust fund sur le compte de Standard Bank abrité à la DBSA. Puis de là, retransférer l’argent sur un compte ouvert par Shifa à NedBank. Ainsi, ce dernier fonds permet de payer des consultants faisant des travaux fictifs ou mal ficelés ».

A ce sujet, un membre d’une des différentes commissions de l’Union africaine, qui a effectué une mission au Secrétariat du Maep, dit avoir été ahuri. Ahuri, par la disparité des salaires au sein du personnel. Ces salaires allaient du simple au double.

Mais dans cette vague de malversations, la palme ne revient pas seulement à ces institutions et aux ressortissants éthiopiens. L’Afrique du sud n’est pas en reste.

En 2012 d’abord, l’audit juriscomptable du cabinet Deloitte, énumère de nombreuses irrégularités dans la gestion des fonds détenus par la DBSA, institution bancaire sud-africaine. 

« Ce rapport d’audit judiciaire n’a jamais été rendu public ni porté à la connaissance du Forum et des Points Focaux. Il a été présenté seulement au Panel en septembre 2012 en Afrique du Sud. Sans suite ! » dénonce Joseph Tsang Mang Kin.

Toujours en 2012, la DBSA verse 4 millions de Rands soit 506 000 dollars à Reneesance, un service traiteur. La raison ? Frais de service pour une réunion de deux jours à Durban, en Afrique du sud. Cette rencontre a regroupé 30 Points focaux. Ces frais payés, sans que Reneesance ait signé un contrat au préalable, exclus les perdiems des participants tout comme leurs frais de déplacement lors de la rencontre tenue du 13 au 14 avril 2012, nous confie une source, partenaire du Maep.

Puis de préciser « en fait, cette somme est l’argent du contribuable sud-africain. Le défunt ministre de la fonction publique sud-africaine, Roy Padayachie, a fait recours à la municipalité de Durban pour financer le dîner et le transport des participants et a procédé au partage, avec ses collaborateurs impliqués dans la passation de marché, du budget alloué à son ministère en début d’année pour les activités du Maep  ». 

Le rapport préparé par une Commission anti-corruption supervisée par le Point focal de l’Afrique du sud, sur cette affaire de Durban, est resté dans les tiroirs. Contactés, certains des anciens collaborateurs du défunt ministre ont refusé de s’exprimer.

L’Afrique du sud et l’Ethiopie mis à l’index

L’autre grief qui est resté en travers de la gorge de certains membres du Panel des personnalités éminentes, c’est le Rapport annuel 2012 du Maep.

« J’ai mis un embargo là-dessus car publier tel quel, cela allait être la honte du Maep » dit Akere Muna.

Mais pourquoi penser ainsi ? « C’est un projet qui a été tracté pour l’appât du gain, en plus d’être truffé de fautes et d’inexactitudes » affirme le Président du Panel des personnalités éminentes.

Par exemple à la page 27 de ce rapport, dont nous avons eu copie, il est mentionné que le président de l’Ouganda s’appelle Denis Sassou NGuesso. Aux pages 28 et 30, le drapeau de l’Ile Maurice est attribué à la Mauritanie et au Mozambique. 

Notre dame à la capuche de Bole avenue, tout comme un Think tank qui s’intéresse à la gouvernance, confirme les inquiétudes qu’Akere Muna a émit sur le Rapport 2012. Et tous ont soutenu qu’Assefa Shifa, sommé par le Panel de s’expliquer sur le règlement financier entourant la production et la reproduction de ce Rapport, a détruit, avec la complicité de sa chargée de communication, Selela Liziwe, toutes les preuves concernant le marché du Rapport fait en 500 exemplaires. En parcourant ce rapport, l’on se rend compte qu’il n’y a aucune trace des coordonnées de l’imprimerie qui a reproduit le document. Néanmoins, nous avons fini par trouver l’adresse du manager de l’imprimerie, Jimmy Andetowa auquel nous avons adressé plusieurs demandes d’interview qui sont restées sans suite.

« Tous les pays membres et les partenaires sont au courant de toutes ces malversations. Mais personne ne dit rien. Le comble, c’est que même le pays de Mandela est dans le secret. Il protège Shifa qui en sait trop » fait remarquer notre interlocutrice à la capuche.

Halte. Il faut observer le feu rouge. Des voitures passent. Au vert, la marche continue. 

En effet, durant la réunion du 30 janvier 2014 qui a rassemblé tous les membres et acteurs du Maep, Ellen Johnson Sirleaf a intimé l’ordre à Akere Muna de faire uniquement le bilan des actions du Maep.

« Aucune mention, assure Akere Muna, ne devait être faite de la mauvaise gestion au niveau du Secrétariat du MaepJe m’en suis tenu donc aux ordres », se justifie-t-il, avec un sourire jaune. 

Mais que pense la Présidente Johnson Sirleaf de toute cette situation ? Ce 31 janvier 2014, à la suite d’une interview sur le paludisme avec des journalistes sud-africains, nous saisissons l’opportunité pour lui poser une question sur ses rapports avec sa co-lauréate du prix Nobel de la paix 2011, Lemah Gbowie. Surtout que cette dernière la critique inlassablement sur la mauvaise gouvernance qui sévit au Libéria. Notre intention étant bien sûr de glisser vers la situation que vit le Maep. A peine répond-t-elle à notre question sur ces rapports avec Lemah Gbowie, qu’elle s’éclipse. Fin de l’interview. Le monde se disperse. Puis, quelques minutes plus tard, une voix s’élève. 

« Vous n’êtes pas une journaliste professionnelle !!! », nous lance l’une des collaboratrices de Johnson Sirleaf.

« Vous manquez d’éthique.” Puis comme pour justifier cette attaque, elle renchérit “Je vous le dit au nom de la liberté d’expression » 

Il est 6h48 du matin. Le soleil pointe ses rayons. Dans les rues, les gens déambulent maintenant par dizaines.

« Il faut que je m’en aille  », avertit notre source à la capuche.

Mais avant de nous tourner le dos, elle lance : « L’Afrique doit renaître. Et cela doit commencer par le Maep. »

Akere Muna adhère totalement à cette initiative. Il affirme qu’il y a même urgence à le faire. L’assainissement financier du Maep, espère-t-il, va redonner l’assurance aux Etats que leurs contributions sont bien gérées. Par ailleurs, il soutient qu’il faut équiper le Secrétariat d’un personnel compétent et motivé. Chose qu’acquiesce un Point focal d’un pays de l’Afrique de l’ouest. Pour lui, la mise en application de ses directives ferait revenir certains pays pionniers du Maep comme le Ghana qui, à cause de la mauvaise gouvernance qui mine le Maep, ne participe plus aux activités. 

Ramata SORE

 

Elen Sirleaf et Shifa Assefa

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