Quantcast
Channel: Makaila, plume combattante et indépendante
Viewing all articles
Browse latest Browse all 7450

M3F: Valse ministérielle à Ndjamena

$
0
0

MOUVEMENT DU 3 FEVRIER

 

Communiqué n°010

 

Valse ministérielle à Ndjamena

 

Décidément, Idriss Deby ne quitte plus des yeux la France. On croyait le mimétisme africain envers l'ancien colonisateur réservé à une époque révolue, celle des Bokassa Ier et autres Houphouët-Boigny. On croyait les imitateurs pathétiques de Napoléon Bonaparte et du Général de Gaulle définitivement rangés dans les placards de l'Histoire. Il n'en est rien, puisque les dirigeants du Tchad, cette terre si fière de son indépendance et de ses différences culturelles avec la patrie de Molière, prennent, semble-t-il, la même voie. Manuel Valls, tout juste nommé à Matignon après la cuisante défaite des socialistes aux municipales, resserre son équipe à quinze ministres et annonce un gouvernement de combat ? Moins d'une semaine plus tard, Idriss Deby s'empresse de lui emboîter le pas, faisant passer son gouvernement de 42 (!) à 27 membres, tandis que la Télé Tchad s'enorgueillit d'annoncer la formation « d'un gouvernement de combat » (!?).

 

Et ce n'est pas tout. Car Idriss Deby, cancre du respect des institutions démocratiques, semble vouloir recopier les heures les plus sombres de l'Histoire de France. Pire, il met un point d'honneur à les déboulonner du Panthéon de la médiocrité. Il faut dire qu'avec un quatrième remaniement du gouvernement tchadien en cinq mois, la IVème République française, pourtant citée comme modèle d'instabilité ministérielle (environ deux changements par an), peut aller se rhabiller. Quant aux justifications de cette instabilité chronique, si, sous la IVème République, elle pouvait s'expliquer par la faiblesse des coalitions partisanes à l'Assemblée, au Tchad, en 2014, elle ne peut trouver son origine que dans le caprice d'un seul et même Homme, bien décidé à asservir toujours plus les tchadiens à sa botte : le dictateur Deby.

 

Tel Louis XIV régnant en majesté sur ses courtisans à Versailles, le boucher d'Amdjarass apparaît, par le biais de ces remaniements intempestifs, vouloir montrer qu'aucun tchadien n'est éternel dans ses bonnes grâces. Beaucoup l'ont appris à leurs dépends, comme Jean-Bernard Padaré, qui fut éjecté de son poste de Garde des Sceaux pour être directement emmené à Amsinéné, une prison dont il avait pourtant en charge l'administration quelques jours auparavant. Comme le dit le proverbe latin, rien n'est plus proche du Capitole que la roche tarpéienne...

 

Ces remaniements en seraient presque divertissants s'ils ne freinaient considérablement l'activité gouvernementale, et par conséquent, celle du pays tout entier. Les Ministres n'ont même pas le temps de poser leurs chaussures vernies sur le sol de leur Ministère qu'ils sont déjà contraints de repartir ou de passer à un autre département. Ainsi, en est-il du Ministère de l'intérieur qui change tous les quatre matins de pensionnaire. Les administrations, quant à elles, sont complétement déboussolées. Car, en plus de l'incessant bal des entrants et des sortants, le périmètre des Ministres est lui aussi à géométrie variable. Celui de Mariam Mahamat Nour a par exemple été réduit dans le dernier gouvernement, le Président lui retirant l'économie pour lui laisser uniquement le plan et la coopération internationale. Quant au secteur de l'éducation, il est sans cesse chamboulé, saucissonné en un, deux ou trois Ministères au gré des humeurs du Palais Rose. Et comble de l'incurie, les décrets d'attribution ne suivent pas... Régulièrement, il se passe plusieurs mois avant que telle ou telle direction sache enfin de quel Ministre elle dépend. De plus, faute d'interlocuteur régulier au sommet de la hiérarchie, nombre d'entre elles voient leurs projets rester lettre morte, y compris les plus urgents.

 

Pas plus qu'un autre, ce nouveau gouvernement ne sera capable de résoudre les problèmes quotidiens que rencontrent les enfants de Toumaï : malnutrition, insécurité, difficulté d'accès aux soins, à l'éducation, délestage permanent... Il n'en aura d'ailleurs même pas le temps. D'ici quelques mois, pour d'obscures raisons de politique politicienne, parce qu'un de ses Ministres-griots aura eu le malheur de lui déplaire, Idriss Deby provoquera un nouveau chamboulement ministériel et les tchadiens, eux, en seront pour leurs frais.

 

Le principal parti d'opposition M3F, une fois l'alternance réalisée, promet de maintenir une stabilité ministérielle propice au bon développement du pays. Ainsi, les Ministres auront le temps de former un cabinet, de nouer des rapports avec leurs administrations et de mener à bien les projets nécessaires à la sortie du Tchad de l'ornière dans laquelle vingt-trois ans de système Deby et plusieurs dizaines de remaniements ministériels l'ont plongé. Et, au-delà de cela, le Mouvement du 3 Février promet de résoudre le problème de l'incompétence du gouvernement en plaçant à la tête des départements ministériels des personnes aptes à exercer leurs fonctions et dont la probité ne sera pas sujette à caution.

 

Fait à Dijon le 25 avril 2014,

 

Collectif

 

M3F: Valse ministérielle à Ndjamena

Viewing all articles
Browse latest Browse all 7450

Trending Articles