COMMUNIQUE DES AVOCATS DU PRESIDENT HABRE
Les Chambres Africaines viennent de rendre leur premier arrêt interdisant au Président Habré de porter un turban lors de ses comparutions. Cette décision a été prise sur l’initiative, une nouvelle fois du Procureur M’backé Fall qui impose le rythme dans ce procès piloté depuis N’Djamena.
Pourtant, les juges d’instruction avaient estimé que la nécessité de comparaître à visage découvert ne pouvait être éventuellement posée que pour être sûr de l'identité de la personne convoquée. Or, peut-on douter de l'identité de la personne appelée à comparaître devant les juges, quand celle ci est déjà en détention, que c'est le directeur de la prison lui-même qui l'extrait, et en assure la conduite par des éléments de la garde pénitentiaire jusqu'aux CAE? En outre, le juge d'instruction avait tenu à préciser que le visage du Président était à découvert et parfaitement identifiable.
Le Procureur Mbacke Fall a fait « appel » de cette mesure virtuelle.
Les juges d'appel ont bafoué la loi et les principes élémentaires du droit en recevant cet appel. Alors même que les juges d’instruction n’avaient pris qu’une mesure non matérialisée par un écrit, réglant un incident d’audience insusceptible d’appel. Plus grave encore, ils ont fait référence à une disposition totalement étrangère à la situation litigieuse, qui ne concerne que ceux qui assistent aux audiences, soit le public, qui doit se tenir découvert !! En quoi le Président Habré lors d’un interrogatoire au cours d’une instruction non publique est-il concerné par ces dispositions ?
Ces divergences entre le juge d’instruction et le Procureur général sont, à vrai dire, le prolongement de la guerre psychologique et des attaques directes contre la personne du Président Habré (refus d’assister aux récitals de coran lors du décès de son frère, de l’autoriser à rendre visite à son fils hospitalisé à la suite d’un grave accident de la circulation) qui n’ont d’autre objectif que de détruire un homme dont on peine à prouver ce dont on l’accuse.
11mois d’emprisonnement sans que les 120 prétendus responsables cités par l’accusation ne soient transférés à Dakar dans une affaire présentée comme relevant des crimes contre l’humanité et ramenée aujourd’hui à des questions vestimentaires.
Les agressions contre la personne du Président nous renseignent sur l’état d’esprit des juges, et sur l’incroyable climat d’hostilité qui règne dans cette juridiction « hors la loi ». Le port du turban est une tenue traditionnelle au Tchad, en Mauritanie, au Soudan, au Sénégal… où les populations le portent également, et c’est aussi une recommandation religieuse comparable au port du boubou et de la tenue traditionnelle, le vendredi, par la plupart des sénégalais.
La politique d'agression sur la personne du Président à travers son enlèvement, son emprisonnement, l'injure verbale qu'il a subie, les perquisitions musclées et dommageables opérées, les longues auditions de 9h à 18h sans boire ni manger, ni prier et aujourd'hui cette agression vestimentaire sont autant de faits de la part de juges aveuglés par leur parti–pris et qui se livrent quotidiennement à des actes de violence et d’humiliation dans le but de briser le silence du Président.
L’influence d’Idriss Deby s’est encore fait sentir lors de cette curieuse audience de la chambre d’accusation où les avocats de l’Etat Tchadien ont plaidé sur l’affaire du turban alors qu’on attendait que la question de la recevabilité de sa constitution de partie civile soit préalablement tranchée. Qui paye commande ! On ne le dira jamais assez ! Peut-on contester la recevabilité de la requête d’un Etat qui finance le fonctionnement de cette juridiction, c’est la question qui était posée à ces juges et leur réponse ne s’est pas fait attendre, confirmant les craintes manifestées par la défense et nombre de hautes personnalités sénégalaises et internationales sur la dépendance financière de cette institution.
Les juges, en cette occasion, n’ont pas manqué d’adopter à l’encontre du Président Habré des propos particulièrement partiaux et politiquement chargés caractérisant le port du turban comme l’expression symbolique d’un mépris et d’un manque de respect notoire pour la Justice. Les pratiques quotidiennes de ces chambres ont fini de montrer où se situe le mépris du droit et de la justice, où siège le manque de respect notoire à l’égard de la vraie justice. Pour preuve, le Procureur Général a projeté des images de l’inculpé prises frauduleusement pendant l’interrogatoire tel qu’il résulte des motifs de l’arrêt de la chambre d’accusation, violant ainsi toutes les règles de procédure et le droit à l’image du Président Habré.
Des révélations importantes de la presse sénégalaise, ces jours-ci, ont mis en lumière, documents à l’appui, les négociations ou plutôt le troc qui a précédé la signature de l’accord entre le Tchad, l’UA et le Sénégal portant création des CAE. Ce troc honteux et indigne d’un Etat de Droit a consisté à offrir la gestion de l’argent du procès à l’Etat du Sénégal contre la suppression de l’article prévoyant la possibilité d’une grâce.
Ces questions importantes qui interpellent la conscience collective prouvent, s’il le fallait encore, qu’il n’a jamais été question d’un procès juste et équitable mais bel et bien d’une condamnation négociée et achetée au prix fort ; 18 milliards pour qu’une certaine Afrique juge l’Afrique nous a t-on dit ?
Fait à Dakar, le 04 Mai 2014,
le Collectif