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06 mai : Eric Topona revient sur les arrestations de 2013 des journalistes et blogueurs au Tchad

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C’était il ya juste un an….

Le lundi 06 mai 2013, près d’une semaine après la tentative supposée ou réelle de « conspiration » que le gouvernement Tchadien a affirmé avoir déjoué, j’ai été convoqué au 3 ème cabinet du juge d’instruction au tribunal de première instance de N’Djaména. J’ignorais à l’époque les raisons exactes de cette convocation. Après de brefs échanges avec le juge d’instruction, en présence de mon avocat et de quelques membres de ma famille, mon infraction m’a été officiellement notifiée. « Complot, Atteinte à l’ordre constitutionnel et diffamation ». En cause des échanges emails « Compromettant » avec le bloggeur Makaila Nguebla et des articles écrits par moi dans le blog de l’activiste et qui dénonçaient les dérives du régime du président Idriss Déby Itno et de son Gouvernement. Dans ces échanges emails, j’aurais également planifié avec Makaila Nguebla, une « insurrection populaire » que le président Déby lui-même qualifiera quelques jours après mon incarcération « d’été Tchadien ». Une allusion à peine voilée. Suivez mon regard.

Tout ça sur moi? C’est la première question qui m’a taraudé l’esprit ce matin du 6 mai 2013.

Dans la foulée, je fus placé sous mandat de dépôt et conduit manu-militari à la tristement célèbre Maison d’arrêt d’Amssinené, située à la sortie Nord de N’Djaména ou j’y ai passé un peu plus de cent jours dans des conditions exécrables et inhumaines. Je ne vous en dis pas plus pour l’heure.

La fin de l’odyssée a pris fin Dieu merci le 19 aout 2013 au cours d’un procès que je qualifie de « politique ». « Maraboutage juridique et gymnastique intellectuelle visant à me culpabiliser », c’est ce qu’ont fait les juges ce jour là. La preuve, en dépit des démonstrations juridiques de mes avocats et de l’absence de lois sur la cybercriminalité au Tchad,-ce qui devait logiquement faire tomber l’infraction, puisque l’élément légal n’existait pas-le verdict a été rendu. Et il est sévère. Je suis condamné à trois ans de prison avec sursis pour une infraction toute aussi bizarre que saugrenue : «Atteinte à l’ordre constitutionnel n’ayant pas aboutie et diffamation ». L’infraction du départ a été requalifiée. Comme la loi me l’autorise, j’interjette appel.

Un an après, la sentence est restée la même et l’épée de Damoclès continue toujours de planer sur ma tête. Toujours pas de procès en appel.

Voilà comment se porte l’appareil judiciaire au Tchad. Laxiste, aux ordres, partisane….au grand dam des citoyens qui n’ont que les yeux pour pleurer et subir résigné cette situation, pour le moins inadmissible dans un Etat de droit.

Eric Topona

06 mai : Eric Topona revient sur les arrestations de 2013 des journalistes et blogueurs au Tchad

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