C'était là, dans cette cour. Six ans se sont écoulés mais rien n'a changé. Un grand portail et quelques voitures garées devant une modeste maison du quartier des Deux Châteaux de N'Djamena. Il est 17 h 30, ce 3 février 2008, lorsqu'un groupe d'hommes armés pénètre de force chez Ngarlejy Yorongar, l'un des principaux opposants au président tchadien, Idriss Déby.
Ce soir-là, N'Djamena est une ville morte. La capitale vient d'être la cible d'une attaque de 2 000 rebelles appuyés par le Soudan. Idriss Déby a repoussé l'assaut in extremis, avec le soutien des forces françaises. Ngarlejy Yorongar est emmené sous la menace. Il n'est pas le seul : deux autres figures de l'opposition, Lol Mahamat Choua et Ibni Oumar Mahamat Saleh, sont aussi enlevées à leur domicile.
D'autres opposants, prévenus ou absents, échappent à la rafle. Ngarlejy Yorongar, tout comme Lol Mahamat Choua, seront relâchés quelques semaines plus tard. Mais l'un ne réapparaîtra jamais, Ibni Oumar Mahamat Saleh.
PARIS NE SOUHAITE PAS À CE MOMENT-LÀ « LÂCHER » SON ALLIÉ
Qu'est devenu « Ibni » ? Est-il mort ? Où se trouve son corps ? Qu'en savent les autorités françaises ? Depuis six ans, ces questions hantent sa famille et ceux qui, au Tchad comme en France, ont côtoyé cet homme respecté, alors porte-parole de la principale coalition de l'opposition.
Février 2008 n'est pas la première menace pour le président tchadien, arrivé au pouvoir en 1990 par un coup d'Etat. En 2005 et 2006, des groupes rebelles avaient déjà lancé plusieurs offensives, sans faire ...