Abdramane Moussa : Merci d’avoir cherché à avoir des informations plus fiables sur ce que la médiature de la République fait. Je crois qu’il faut ôter dans la tête des gens les idées figées. Beaucoup pensent que nous nous occupons seulement des négociations avec les politico-militaires. Mais à bien lire la loi qui régit l’institution que je dirige, la Mediature de la République, outre les politico-militaires, s’occupe aussi d’autres questions liées à la réconciliation nationale. Grâce à la politique de la main tendue du chef de l’Etat, nous sommes arrivés à régler bien de problèmes. Depuis le déplacement du président de la République au Soudan pour la consolidation de la paix, les choses sont entrées dans l’ordre et maintenant il y a aucune menace. Nous sommes sur un autre volet qui consiste à faire rentrer les autres compatriotes encore en exil.
L’Union : Comment appréciez-vous le départ de Baba Ladé pour le Niger ?
Babé Laddé était dans l’opposition en RCA et ne représentait aucune menace pour le Tchad. Et comme il semait de gaffes, les autorités centrafricaines notamment Monseigneur Paulin, nous ont demandé d’aller le récupérer, comme il est notre compatriote. C’est ainsi que nous nous sommes rendus sur place pour discuter avec Baba Laddé et les négociations ont débouché sur la signature d’un communiqué. Il y a eu aucune condition moins encore un accord. Ce n’était juste qu’un communiqué signé conjointement par le Tchad, la RCA, et Baba Laddé. Maintenant, ces éléments qui sont restés en RCA ont fini par le radier de leur mouvement. Son départ je crois qu’il est allé pour des soins. Il est passé par le Cameroun ensuite le Nigeria et finalement il se retrouve au Niger présentement. Curieusement à Niamey, il demande à avoir le statut de refugié politique. Les responsables de l’UNHCR lui ont fait savoir qu’il dispose d’un ordre de mission officiel en plus de son passeport diplomatique et qu’il ne peut bénéficier de ce statut. Il affirme sur les ondes de Rfi qu’il faut que les autorités nigériennes jouent la médiation entre lui et l’Etat tchadien. Je crois qu’il faut être clair à ce niveau. Nous n’avons aucun problème avec Baba Laddé et jusqu’à preuve de contraire les autorités nigériennes ne nous ont envoyé aucune note pour une quelconque médiation. Moi en tant que médiateur de la République, je ne rêve pas pour l’instant entreprendre de pourparlers avec Baba Laddé. Par ce qu’actuellement il ne représente rien. Il ne constitue aucun danger pour le Tchad puisqu’il est radié de son mouvement.
Est-ce que vous ne craignez pas une connexion avec Aqmi et Boko Haram ?
Je crois qu’il faut bien poser cette question aux autorités nigériennes. Par ce que c’est vrai, il peut avoir des relations avec la secte islamiste Boko Haram et même Aqmi. Il avait entretemps affiché ses intentions et là il faut que les autorités nigériennes s’interrogent bien sur sa capacité de nuisance puisqu’elles ont accepté de le garder sur leur territoire. Ici au pays, quand ont se sentira concerné, nous verrons les mesures adéquates à prendre. Les relations diplomatiques entre le Tchad et le Niger sont au beau fixe.
Avec la présence de Baba Laddé sur le territoire nigérien, vous ne pensez pas que ces relations risquent de prendre un coup?
Je voudrais vous rassurer qu’il n’y aura aucun trouble. Les deux pays entretiennent de très bonnes relations. Comme je l’ai évoqué ci haut, il appartient aux autorités nigériennes d’analyser ce que pourra créer la présence de Baba Laddé au Niger. S’il est en connexion avec Boko Haram et Aqmi, ce n’est pas le Tchad qui payera plus les prix mais je crois que c’est le Niger au premier plan. Mais à mon âme et conscience, la présence de Baba Laddé au Niger ne changera rien dans les relations diplomatiques entre le Tchad et le Niger.
Baba Laddé demande que les conditions de son ralliement soient réexaminées en dépit de sa déclaration dès son retour au bercail qui évoque qu’il est rentré sans condition. Concrètement qu’est-ce qui se passe ?
Je vous dis que dès son départ de N’Djaména, les membres de son mouvement ont tenu une réunion extraordinaire afin de mettre sur pied un bureau provisoire. Et c’est au cours de cette réunion que Baba Laddé a été exclu. Ils ont décidé de transformer ce mouvement en un parti politique. Aucun accord n’est signé et aucune condition n’a été posée. Donc je ne vois pas qu’il importe de parler de condition en ce moment. Il ne peut pas venir ici demander l’impossible. Qu’il nous dise si nous n’avons pas respecté les termes du communiqué.
Baba Laddé a demandé l’intervention du Niger pour une médiation. Est-ce le Tchad sera prêt à s’engager sur cette voie au cas où le Niger accepte?
Je crois que je n’ai pas encore pensé à une telle option et je ne sais pas si je le ferai dans les jours qui suivent. Baba était au Tchad dans de bonnes conditions. Il est allé de lui-même au Niger. Maintenant s’il veut créer une déstabilisation en entrant encore au maquis à travers un pays autre que la RCA, je pense qu’on ne peut pas continuer par suivre quelqu’un qui ne représente que son ombre. Il fait de la publicité et nous ne sommes pas prêts à lui faire la part belle. Il faut arrêter avec ce mouvement.
Il y a encore des politico-militaires qui sont toujours en exil, que fait votre institution pour leur retour au pays ?
Nous sommes en contact permanent avec certains compatriotes mecontents qui sont encore en exil. Le chef de l’Etat l’a si bien dit, il n’y a pas de prix pour la paix. La main est tendue et il faut qu’ils la saisissent pour rentrer. Ensemble, nous travaillerons pour le développement de notre pays. S’il y a des gens qui pensent que prendre les armes pour détruire le pays est une solution, je crois que c’est une illusion. Il ne faut pas que les gens partent en rébellion et décident de rentrer en exigeant qu’on leur verse quelque chose. Si les politico-militaires tels que Tom et Timan Erdimi qui sont condamnés par contumace à la peine de mort acceptent de rentrer, seriez-vous prêt à lever la peine ? Timan et Tom Erdimi ne sont pas les seuls à être condamnés, ils sont nombreux. Et Beaucoup qui sont revenus dans la légalité ont bénéficié de la grâce présidentielle. C’est notamment le cas de Ahmat Hassaballah Soubiane. Il n’est pas exclu qu’à leur tour ça ne puisse pas être le cas. Tout est possible.