République du Tchad
Groupe de Réflexion de l’Opposition Tchadienne en Egypte (GROTE)
Appel à la désobeissance civile.
Le 1ier décembre 1990 le peuple tchadien avait accueilli avec enthousiasme le changement de régime intervenu au Tchad. Cette éphorie a été amplifiée par le discours du 4 du même mois notamment en sa fameuse phrase "je ne vous ai apporté ni or ni argent mais la liberté" prononcée par le colonel Idriss Deby dirigeant les troupes armées qui ont marché sur N’Djamena. Il s’agit du groupe arborant le label (MPS) Mouvement Patriotique du Salut.
Cet enthousiasme a très vite cédé la place à la peur généralisée créée par les éléments du MPS qui n’hésitent pas à faire main basse par la contrainte sur tout objet de valeur. Rappelons d’ailleurs, que pour la plupart d’entre eux, le Tchad constitue une nouvelle découverte même si certains d'entre eux peuvent se targuer de conserver encore de vagues et très lointains souvenirs de ce pays. En effet, le peuple tchadien pensait que l’occasion lui est offerte à l'instar des autres peuples ayant pris le chemin de la démocratie, il pourrait asseoir la sienne et jouirait en conséquence de tous ses droits. Mais très vite, il s’est rendu à l’évidence que rien de tout cela ne se dessinait à l’horizon. Pire, c’est un processus servant à mettre le pays en coupe réglée sous les bottes d’un despote et son clan qui s’est mis en marche. Toute résistance à ce processus est broyée sans pitié. A l’heure où nous sommes, la priorité des tchadiens est plutôt le droit à la survie et non à la démocratie, tel est le vrai cadeau que Idriss Deby a apporté aux tchadiens.
Privé de tout droit, le peuple tchadien a toujours aspiré à, peu importe le temps qu'il faudrait, recouvrer sa liberté grâce à une alternance démocratique. Mais sans compter avec Monsieur Idriss Deby qui est prêt à marcher sur des cadavres s’il le faut pour s’éterniser au pouvoir. Il a mis en place un véritable système de verrouillage. Toute tentative visant à desserrer ce système est réprimée dans le sang.
Depuis bientôt dix ans, le Tchad est devenu un pays pétrolier. Qu’est ce que le pétrole a apporté comme amélioration dans la vie quotidienne des tchadiens? La réponse est évidemment rien, sinon l'inflation au point que N'Djamena la capitale du Tchad, est devenue la troisième ville la plus chère au monde. Ce qui en effet, explique ce décalage insupportable entre la vie d’opulence que mènent Monsieur Deby et sa famille par rapport à la masse des tchadiens qui vivent dans une misère indescriptible. Le peuple tchadien a le sentiment de vivre étranger dans son propre pays.
Aucun service social digne de ce nom n’a été mis à la disposition du peuple tchadien. Il n’y a ni hôpitaux décents, ni écoles accueillantes, ni routes praticables en toute saison. Plus grave, la sécurité au Tchad est devenue un domaine réservé à Monsieur Idriss Deby et à sa famille qui, tout compte fait se sont hissés au dessus de la loi. Pendant ce temps, les tchadiens sont systématiquement soumis au pillage, au vol, à la tuerie, à l’humiliation et à l’incarcération extrajudiciaire qui peut durer parfois pendant des années. Les exemples en la matière sont légion et pour des raisons visant à épargner la vie des détenus nous nous abstenons à citer des noms. Les deux extravagants mariages d’Idriss Deby et de son frangin Salay à coup de milliards de francs CFA sont une illustration éloquente et révélatrice du pillage des ressources pétrolières et recettes douanières pendant ce temps beaucoup tchadiens crèvent de faim, de maladie et de malnutrition, leur survie est assurée grâce à l’assistance de la Communauté Internationale.
Qu’est-ce qui peut expliquer ce mépris et cette violence souvent disproportionnée que les Deby Itno brandissent à l’égard des autres tchadiens ? Il ne fait aucun doute, que ce phénomène ne peut trouver son explication que dans l’extraversion engendrée par le confort insolent et inattendu dont aucun membre du groupe n’a imaginé un seul instant qu’il s’y trouverait un jour. Il s’agit en fait d’un comportement extravagant décelé souvent chez un misérable subitement devenu riche « chigui ligui ». Cette situation empêche les Deby d’entendre, de voir et de se ressaisir. Ne dit on pas que le pouvoir rend les amateurs ivres.
Il convient de noter que Monsieur Idriss Deby est le seul chef d'Etat au monde dont le comportement ne prend pas en compte la notion de la honte, sinon comment comprendre que le Tchad constitue l’unique exemple au monde où, au nom du clan du chef de l’Etat, des cadres surgissent de l’ombre comme des fantômes, ils n’ont ni passé, ni présent, sortis de nulle part dont la seule référence est l’appartenance à la famille du président. Cette logique d’imposer le culte de la médiocrité et de bafouer les règles et les principes de compétence annihile tout effort de développement. En dépit de cette évidence, l’entêtement qui a atteint le degré de fanatisme chez Monsieur Idriss Deby le laisse pantois et imperméable à tout raisonnement. Les résultats sont là : le Tchad est le leader du groupe des pays qui ferme la marche sur l’ensemble des indices de développement humain fixés par les Nations Unies. Tous les signaux des désolations et d’inquiétudes sont au rouge dans ce pays.
Le drame est que les tchadiens sont désarmés par une fatalité face au cortège d’humiliations (viols, pillages, népotismes, emprisonnements etc.…) et baissent par conséquent les bras devant les violences auxquelles Idriss Deby les a habituées. Cette situation est aggravée par notre refus obstiné de comprendre que ce qui nous arrive est la conséquence de l’absence d’une réaction lucide et active de notre part. Jusqu'à quand allons nous nous accommoder du modèle conçu et imposé par Monsieur Deby Itno dont l’unique objectif est d’asservir les tchadiens et de se servir sur leurs dos en toute tranquillité ?
Nous supposons que cette fois-ci la coupe est pleine. Il s’agit d’un sentiment partagés par tous les tchadiens. C’est pourquoi, ils doivent nécessairement réagir de façon globale et énergique sinon le pire se dessine à l’horizon (l’héritage familial du pouvoir). Nous rappelons à ceux qui ont encore du doute à ce sujet que le processus de la succession familiale est bel et bien engagé. En effet, les instances judiciaires chargées de mettre en place ce scénario ont été débarrassées de tout élément pouvant présenter des velléités récalcitrantes et elles sont en ordre pour la mise en exécution du plan. Par ailleurs, le récent remaniement ministériel qui hisse à la tête du gouvernement un véritable béni oui oui entre dans la même logique. La grande muette n’est pas du reste. Une opération chirurgicale en son sein est imminente pour faciliter l’exécution du macabre projet. Enfin des élections législatives partielles ou générales sont en passe d’être organisées pour ouvrir la voie royale au successeur du chef de l’Etat qui, en prélude à cette étape, sera le numéro un ou numéro deux du perchoir. Les tchadiens sont-ils prêts à subir un quart de siècle supplémentaire de « debéisme » sans Deby ? Nous espérons que la réponse est évidement non. Alors il est plus que temps de réagir avant qu’il ne soit trop tard. Le changement ne tombera jamais du ciel mais l’action pour le changement peut être appuyée par le ciel. A bon entendeur salut.
A cet effet le Groupe de Réflexion de l'Opposition Tchadienne en Egypte lance un vibrant appel aux dignes filles et fils du Tchad à user de tous les moyens légaux (protestations, manifestations, grèves, boycotts, désobéissances civiques, soulèvement populaire) pour arracher leur liberté et asseoir leur dignité. Aussi, le groupe demande à l'ensemble du peuple du Tchad d’enclencher toute sorte de résistance pacifique face à l’arbitraire, à la gabegie, au népotisme, au clanisme, à la mauvaise gouvernance et ce, à compter du 1ier décembre 2013 jusqu'à la chute de la dictature.
Peuple Tchadien débout et à l’ouvrage
Tu as conquis ta terre et ton droit
Ta liberté naitra de ton courage
Lèves les yeux l’avenir est à toi.
Fait au Caire le 30 novembre 2013
Le Groupe de Réflexion de l'Opposition Tchadienne en Egypte